On trouvera dans cette rubrique, des extraits d'interventions de Charles Melman, élève de Lacan, responsable de l'enseignement à l'Ecole Freudienne de Paris puis fondateur en 1982 de l'Association freudienne qui deviendra L'Association lacanienne internationale.
Charles Melman a disparu en octobre 2022 : il laisse toutefois un enseignement essentiel, majoritairement oral, retranscris dans de nombreux ouvrages publiés à ce jour.
Une approche psychanalytique exigeante au plus près des textes de Freud et de Lacan mais toujours adossée à la clinique d'un psychanalyste " chargé d'expérience " comme disait Lacan.
Nouvelles études sur l'hystérie.
En 1895 paraît Etudes sur l'hystérie, co-écrit par Sigmund Freud et Joseph Breuer.
Dans ce livre considéré comme inaugural de la psychanalyse, les deux auteurs présentent cinq cas cliniques et leur théorisation des symptômes hystériques. Ils y posent les bases cliniques et théoriques d'une nouvelle discipline : la psychanalyse, elle-même issue de la méthode cathartique. L'étiologie sexuelle des névroses y trouvant son socle le plus ferme.
Durant l'année 1982-1983, Charles Melman tient à la Salpêtrière son premier séminaire avant qu'il ne fonde l'Association freudienne. Dans son introduction, il explique les raisons de son titre :
" il ne s'agit aujourd'hui de sauver ni Freud, ni Lacan, ils n'en ont aucun besoin, mais plutôt d'essayer de nous sauver nous-mêmes. En effet, si la formule de Lacan, isolée comme celle de l'éthique du Psychanalyste, « ne pas céder sur son désir », conditions pour échapper à la névrose, conduit, inévitablement au pire, n'aurions-nous donc comme mode de clôture de l'analyse que ce choix : l'insatisfaction maintenue, qu'exprime la revendication hystérique, ou la résignation stoïcienne à l'égard de ce pire, qu'est le discours psychanalytique ?
Peut-être faut-il reprendre l'examen des fondations sur lesquelles s'est établie la psychanalyse pour répondre à cette question, c'est-à-dire les Etudes sur l'hystérie. Remarquons d'abord que les travaux de Freud sur lesquels nous continuons de nous fonder, ceux qui vont de L'esquisse à La science des rêves, datent de plus de 100 ans et, malgré une promesse de Freud en 1913 Dans son article L' inconscient, qui n'a jamais repris les études sur l'hystérie. Cela peut paraître d'autant plus étonnant que la seconde topique qui paraît en 1920 entre en contradiction avec ce livre. On aurait pu légitimement espérer qu'il renouvelle ses conceptions à partir de la nouvelle économie impliqué par l'automatisme de répétition. Les élèves de Freud n'ont pas été non plus très diserts sur l'hystérie. Nous n'avons pas d'œuvres, de textes auxquels immédiatement, spontanément, nous référer. Le seul rapport décisif et capital dont nous disposions, c'est l'introduction faite par Lacan du discours de l'hystérique. Mais une première question se pose : est-ce que le discours de l'hystérique se résume dans le fait qu'il assoit, qu'il donne sa place à ce qui est à proprement parler la position subjective, celle d'où s'exprime le sujet, lorsqu'il parvient à témoigner – par exemple qu'il n'y a pas de rapport sexuel – c'est-a-dire exprimer sa plainte, ou bien, cet algorithme résume-t-il pour nous, la clinique de l'hystérie ?…
Le discours de l'hystériques se présente d'abord, comme une façon possible, pour chacun, de se tenir dans sa parole. C'est l'une des façons majeures, tout simplement, de nouer le lien social. Et Lacan soulignait que, quelle que soit la structure du patient, celui-ci se trouvait conduit, du fait même du protocole de la cure analytique à passer par le discours de l'hystérique. »
© Eres - Nouvelles études sur l'hystérie - Charles Melman - 2010
